Épilogue.

Lorenzo di Credi a grandi et évolué dans son métier grâce aux influences qui l'ont entouré pendant toute sa carrière. Ces influences sont issues d'un patrimoine culturel classique que tous les peintres de la Renaissance italienne ont emprunté.
Lorenzo comme les autres n'oublie pas les précurseurs des techniques nouvelles qui apparaissent dans la peinture et la façon dont Masaccio et Masolino intègre les personnages dans un décor urbain connu et la réalité qui se dégage de leurs oeuvres grâce aux techniques d'une perspective désormais mieux maîtrisée.

Ces peintres et surtout leurs oeuvres sont des points de départ incontournables pour l'élaboration et la réalisation des peintures des artistes qui suivront.
Lorenzo qui est un peintre de la deuxième moitié du XVème siècle regarde et scrute toutes ces oeuvres de la première moitié du XVème siècle, mais le premier artiste à l'influencer véritablement est son maître d'apprentissage Andrea Del Verrocchio dans ses toutes premières oeuvres graphiques qui datent de 1477-78.
Mais d'autres peintres qui l'influenceront tout au long de sa profession sont déjà présents dans ces mêmes années dans le répertoire aussi bien graphique que pictural de Lorenzo. Ghirlandaio et Botticelli permettent à Lorenzo de mieux comprendre la technique du blanc de céruse dans les études de drapés.
Botticelli est un compagnon artistique très important pour Lorenzo et on retrouve ses premières influences dans les thèmes mythologiques comme la Vénus et Cupidon et dans les premières Adorations.
Léonard est aussi un artiste primordial dans la carrière de Lorenzo puisque ce dernier n'arrivera pas à se détacher de son tout premier grand inspirateur, dans les années 1477-78 on retrouve l'influence de Léonard dans les représentations de figures androgynes.
Pour la première mobilité que Lorenzo donne à ses personnages, c'est Pollaiolo qui l'influe.
On pourrait aussi parler de Agostino Di Duccio pour les réseaux de lignes serrées qu'utilise Lorenzo et déjà apparaît l'influence de Piero di Cosimo dans l'utilisation des paysages lacustres.
Dans ces premières années d'apprentissage, lorsque Lorenzo peint ses premières Madones, l'influence flamande est déjà perceptible et surtout dans l'application qu'en fait Léonard.
En 1485, date à laquelle est achevée la Conversation de Pistoia, Lorenzo est en grande partie inspiré par son maître d'atelier à qui d'ailleurs on attribue souvent le retable et par son cher compagnon d'atelier Léonard de Vinci pour ce qui concerne le langage figuratif.
Cependant Lorenzo se sert aussi des éléments d'architecture élaborés par Piero della Francesca. Pour beaucoup d'autres peintres qui apprennent au même moment que Lorenzo, Piero della Francesca est le point de référence pour la mise en place du décor architectural dans les peintures.
Pour les éléments figuratifs et plus particulièrement pour la représentation des Putti, Lorenzo semble plutôt s'inspirer de ceux que peint le Pérugin, autre condisciple dans l'atelier de Verrocchio.
Pour le Saint Jean Baptiste, Lorenzo est déjà influencé par le style qui vient du nord de l'Italie, ce style "aspro" de Mantegna que l'on retrouvera plus tard.
Lorenzo s'ouvre une nouvelle fois sur l'art flamand qui offre une plus ample disposition des personnages.
Toutefois Lorenzo comme on l'a vu dans les analyses de ses oeuvres n'est pas un peintre très créatif ni très imaginatif et préfère s'appuyer sur des bases très sûres que sont les peintres plus classiques et plus traditionnels qui ont fait leurs preuves dans la première moitié du XVème siècle (peintres déjà cités, entres autres Masaccio, Masolino mais aussi Pireo Della Francesca).

Après 1485, et après le départ de Léonard pour Milan et celui de Verrocchio pour Venise, Lorenzo dans ses portraits et la Vénus qu'il peint fait preuve d'une plus grande personnalité. Cependant il regarde toujours ce que font les autres artistes et on retrouve Ghirlandaio pour l'élaboration des visages et aussi pour la minutie des détails.
La disposition des personnages dans un intérieur est encore inspirée de l'école flamande dont fait partie Memling.
Son maître parti il n'en oublie pas moins ses oeuvres comme la Dama delle primule.
Son condisciple le Pérugin lui inspire un certain modelage dans les rondeurs des personnages.
Et malgré le départ de Léonard, Lorenzo s'inspire comme pour d'autres du magnifique portrait de Ginevra Benci. En fait, les influences de Léonard demeure et demeureront tout au long de l'activité picturale de Lorenzo, il semble être lié pour toujours à la peinture de son plus cher compagnon d'apprentissage, son manque de créativité et peut-être d'ambition fait que Lorenzo n'arrive pas à se détacher de Léonard, c'est sans doute cette explication qui parait la plus plausible et qui permet de comprendre pourquoi Lorenzo n'est pas devenu ce qu'il aurait du devenir c'est à dire un grand peintre connu de tous et non cet artiste resté dans l'ombre si longtemps.

A la fin du siècle, dans la dernière décennie du XVème siècle, les retables qu'exécutent Lorenzo s'inspirent du Pérugin mais aussi de Baldovinetti et de Filippino Lippi.
Pour le Baptême du Christ, Lorenzo ré élabore les formules léonardesques et calque le style de Verrocchio qu'il n'a jamais abandonné. Et l'on retrouve Pollaiolo et Mantegna pour cette expression de ce style dur qu'utilise Lorenzo pour le Saint Jean Baptiste et le Christ.

Dans les premières années du XVIème siècle, l'activité de Lorenzo commence déjà à se ralentir. Cependant le bref retour de Léonard à Florence donne un dernier souffle à la production picturale de Lorenzo.
Néanmoins un autre peintre déjà cité influence plus directement Lorenzo à cette période, il s'agit de Piero di Cosimo.
Lorenzo n'est pas indifférent non plus aux oeuvres comme la Calunnia de Botticelli. Et apparaît pour la première fois une certaine influence de Andrea del Sarto.

En 1510, les derniers témoignages de l'activité de Lorenzo sont inspirés directement par Fra Bartolomeo et surtout par la production plus mature de ce dernier.

Après ce bref résumé de toutes les influences dont a profité ou plutôt dont s'est servi Lorenzo, il apparaît clairement qu'il n'existe pas une ligne directrice qui conduit la production picturale de Lorenzo et il est par conséquent difficile d'établir des liens logiques entre ses oeuvres.
Cependant on peut parler d'influences qui convergent les unes avec les autres et les unes dans les autres et qui à un tel moment s'en vont et à un autre moment reviennent. Elles prouvent seulement que Lorenzo est attentif à tout ce qui se fait autour de lui, aux études et aux élaborations de ses contemporains et prouvent aussi que les autres artistes regardent ce qu'exécutent Lorenzo.

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