Choisir un sujet de mémoire n'est pas une chose si facile, même si on possède des idées précises sur ce
qu'on voudrait écrire. Pour ma part, le sujet devait concerner Florence car c'est grâce à cette ville que
j'ai découvert l'Italie et les italiens pour qui je me passionne depuis un certain nombre d'années.
Si on apprécie Florence, c'est qu'on apprécie aussi ce qu'elle représente et ce qu'elle renferme c'est à
dire l'art et plus précisément l'art de la Renaissance. Avec l'aide de mon directeur de mémoire, j'ai donc
porté mon choix sur un peintre florentin méconnu: Lorenzo di Credi.
Enfin il était intéressant et essentiel pour moi d'explorer et d'étudier ce monde de la peinture si
mystérieux et qui pourtant s'exhibe car il a entouré mon enfance, et il m'importait de le découvrir enfin
dans toute sa profondeur.
Au cours de mes premières recherches, je me suis aperçu que la personnalité de Lorenzo di Credi était très
fréquemment évoquée par des citations trouvées un peu partout, ici et là.
Cependant, excepté le livre écrit par Gigetta Dalli-Regoli en 1966 qui dévoile la vie et le travail de
l'artiste et, procède à une analyse élaborée, minutieuse et rigoureuse des oeuvres de Lorenzo di Credi,
jusqu'à nos jours personne dans le monde des critiques et des historiens de l'art n'a voulu assumer la
responsabilité d'un examen attentif de l'oeuvre complète de Lorenzo di Credi. Seul Vasari, dans ses biographies d'artistes du Quattrocento parvient à nous convaincre de la large diffusion et de la notoriété des peintures et des dessins de Lorenzo, répandus dans les musées et les collections privées du monde entier. Une diffusion qui prouve une production picturale riche et variée et qui révèle un élève de Verrocchio et un condisciple de Léonard de Vinci qui a su jouir immédiatement de ces influences et atteindre une rigueur et un professionnalisme incontestés dans ses Madones et dans ses Adorations. Gigetta Dalli-Regoli se propose à travers son ouvrage consacré à Lorenzo de mettre en évidence les distinctions entre la production plus engagée de l'artiste et celle relevant des exigences des commanditaires. Elle tente de démentir les classifications qui définissent Lorenzo di Credi comme un artiste monotone et toujours renonciataire. Cet ouvrage sur lequel une grande part de mon travail de recherche repose développe aussi l'activité de l'atelier de Verrocchio. Lorenzo di Credi, entre autres, y débute sa production de jeunesse qui semble être influencée et perturbée par les débats savonaroliens. Ces débats ne semblent pas toucher Léonard de Vinci qui par ses recherches scientifiques sur le dessin et la peinture acquiert des certitudes, et ne touchent pas non plus Michelange et Raphaël pris tous les deux dans un engouement et une ambition qui caractérisent les jeunes peintres. Lorenzo di Credi est touché par ces hésitations. Tout en approfondissant subtilement ses recherches sur la peinture et tout en respectant les prédications de Savonarole, il finit par se sacrifier lui-même. Bien qu'il élabore les schémas les plus rigoureux de la peinture et du dessin avec énormément de passion, ceux-ci finiront par tomber dans l'anonymat et l'indifférence. |
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